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interviewes, reportages... rencontres / culture à Saint-Etienne
1 juin 2008

Laurent Campellone / interview

Orchestre symphonique de Saint-Etienne

Laurent Campellone : « Pas d’art sans risque ! »

 
CAMPELLONE_OSSE5Depuis octobre 2003 il est le directeur musical de l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne et de l’orchestre symphonique. Adepte des mélanges, du « risque, sans lequel il n’y a pas d’art ! ». Nous l’avons rencontré avant le dernier concert de la saison.

Depuis son arrivée au pupitre de chef de la formation orchestrale stéphanoise, il a souhaité faire « sortir les musiciens de la fosse » : en marge des partitions d’opéra, l’orchestre assure désormais une saison symphonique, à part entière. Avec une programmation bâtie « pour que tous les publics s’y retrouvent » explique Laurent Campellone.
Proposer des découvertes
Pour la prochaine saison par exemple, « Chaque concert commencera par une pièce contemporaine ; c’est un choix délibéré. Il s’agit de proposer au public des découvertes, des explorations vers des imaginaires inexplorés ». Laurent Campellone veut mettre au menu des musiques « les plus variées possibles », sans pour autant dérouter. « Le mélange me semble être la meilleure recette » assure le chef, qui connaît de mieux en mieux les goûts des mélomanes. Mais pas question pour autant d’épuiser leur attention avec des pièces malgré tout exigeantes. « Je ne me vois pas monter un programme exclusivement contemporain, mais je tiens vraiment à intégrer ces œuvres, qui pour la plupart sont très rarement données au concert. C’est notamment le cas des Six pièces pour orchestre d’Anton Webern ».
Parmi les œuvres contemporaines de la prochaine saison, figure la création d’une pièce de commande de Pascal Amoyel. Il s’agira de sa première composition pour orchestre, chœurs d’enfants et solistes, qui elle sera donnée lors d’une soirée consacrée à la 9e symphonie de Beethoven, en février prochain, dans le cadre de la saison lyrique.

Répertoire classique : à entendre !

La programmation de la prochaine saison comprend aussi quelques grandes œuvres d’un répertoire classique très connu : la célébrissime symphonie n°4 de Mahler, le concerto pour clarinette ou la 41e Symphonie de Mozart, les suites 1 et 2 de l’Arlésienne de Bizet… Allez un peu de provoc’ : on lui demande s’il est bien nécessaire de donner une énième version de ces « tubes » : « Bien sûr qu’il faut les jouer ! répond Laurent Campellone. D’abord parce que, si l’on regarde bien, elles ne sont pas données si souvent en concert, et ensuite parce que c’est en spectacle vivant qu’on en prend la pleine mesure. L’émotion que l’on vit en concert, n’a rien à voir avec celle que l’on peut éprouver en écoutant des versions enregistrées, aussi géniales soient-elles…»
Et, ajoute le chef, « on aime les jouer ! ». C’est aussi pour l’orchestre une façon suivre sa propre évolution…

Parmi les projets du chef stéphanois, plusieurs rendez-vous à la tête de formations qui ont fait de l’excellence leur « marque de fabrique » : l’orchestre de la radio bavaroise, avec lequel il va assurer cet été une tournée en Allemagne et celui de l’opéra de Berlin. « Ces ensembles ont un tel niveau technique et culturel, une telle hauteur de vue dans l’approche du répertoire, que ce n’est pas le nombre de répétitions qui fait la qualité du travail. » explique-t-il.
Alors comment se prépare-t-on à « prendre en main » de tels orchestres, dont les musiciens ont le pouvoir de décider de « garder » ou de « révoquer » un chef invité ? « En étant justement prêt à tout, en entrant dans l’univers sonore de ces professionnels au niveau exceptionnel, explique Laurent Campellone. « Ce qui les intéresse chez un chef invité, c’est ce qu’il va pouvoir leur apporter. Dès la première seconde, on est déjà dans l’émotion qui sera celle du concert. Il faut accepter cet état d’apesanteur totale et s’ouvrir soi-même, le plus sincèrement possible ».

Alain Le Tirilly

# Point de vue

Emotion, rencontre, risque…
CAMPELLONE_OSSE2Il manie volontiers la métaphore amoureuse, sexuelle même. Fervent amateur de philosophie, Laurent Campellone insiste sur l’aspect « rencontre » que constitue selon lui la découverte d’une œuvre en concert. « C’est un peu comme entre deux personnes : il faut savoir prendre le risque d’avancer ! ». Entre le trop hédoniste « Carpe Diem », le trop noir Cioran, il a choisi : « La vie, c’est danser au bord du précipice ».
Au sujet de l’orchestre de Saint-Etienne, il parle de sa volonté de « casser les tabous sensuels » qui peuvent parfois bloquer les musiciens : « mon travail, c’est de les faire sortir d’eux-mêmes, de dépasser la routine qui s’installe immanquablement, comme dans un couple ! Il est impossible de jouer Mahler en restant calé au fond de son siège ! » s’exclame-t-il, laissant entrevoir le degré d’exigence qu’il affiche lors des répétitions. « La discipline collective ne m’intéresse pas » explique-t-il. « J’aime bien la part de chaos, de risque qui règne pendant que l’on travaille… »
Quand on lui demande à partir de quel moment il considère que le travail de répétition est terminé, fin prêt, à l’instar de Leonard Bernstein, il répond « rien n’est acquis jusqu’au début du concert…»


# Pratique
Vendredi 20 juin à 20 h
35,70 euros ; réduit : 32, 60 euros, galeries 5&6 : 16, 30 euros

# Site
Opéra-Théâtre
Grand Théâtre Massenet
Jardin des Plantes
Saint-Etienne
04 77 47 83 40

#Rendez-vous
Pour finir la saison
Le dernier concert symphonique de la saison est intitulé « Les combats corporels de la lumière et du désespoir ». Au programme : le Concerto pour piano pour la main gauche, la suite n° 2 de Daphnis et Chloé, de Maurice Ravel, et de la symphonie en ré mineur de César Franck.

# Rendez-vous
Sur l’agenda de l’OSSE (saison 2009)

Vendredi 10 octobre
« Et que s’ouvrent les portes de l’au-delà »
Messiaen (1908-1992) : Un Sourire [1989]
Wagner (1813-1883) : Prélude et Mort d’Isolde
Wagner :  Enchantement du Vendredi Saint (extrait de Parsifal)
Mahler (1860-1911) : Symphonie n°4 en sol majeur
Soliste : Cécile Perrin

Mardi 6 janvier
Les deux piliers du classicisme : Mozart (1)
Webern (1883-1945) : Six pièces pour orchestre [version 1920]
Mozart (1756-1791) : Concerto pour clarinette
Mozart : Symphonie n°41, dite «Jupiter»
Soliste : Bernard Gaviot-Blanc

Mardi 17 mars
« Variations sur des larmes »
Éric Tanguy (né en 1968) : Adagio (2002)
Bizet (1838-1875) : L’Arlésienne (Suites 1 et 2)
Lalo (1823-1892) : Symphonie en sol mineur

Jeudi 30 avril
Les deux piliers du classicisme : Haydn (II)
Salvatore Sciarrino (né en 1947) Autoportrait de nuit (1982)
Haydn (1732-1809) Concerto pour violoncelle et orchestre n°2, en ré Majeur
Haydn : Symphonie n°104, dite «Londres»
Soliste : Emmanuelle Bertrand

Mardi 2 juin
Un voyage d’Ibère…
Ravel (1875-1937) : Rhapsodie espagnole [1907]
Chabrier (1841-1894) : España
Ravel (1875-1937) : Boléro
Lalo (1823-1892) : Symphonie espagnole
Soliste : Stéphanie-Marie Degand

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