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interviewes, reportages... rencontres / culture à Saint-Etienne
11 juin 2008

La Comédie joue Jelinek / interview

L’école de la Comedie à l’ouvrage

Zapping théâtral autour d’Elfriede Jelinek

Le metteur en scène Ivica Buljan, qui depuis plusieurs mois travaille avec les étudiants en dernière année de l’école de la Comédie est un homme heureux. Il a réussi le pari de monter avec ses jeunes confrères quatre pièces de l’Autrichienne, fantasque et très agoraphobe Elfriede Jelinek. Il nous parle de ce travail.

IMG_5655Elle est surtout connue chez nous par son Prix Nobel (en 2004) et par le scénario de « La pianiste », qui lui a assuré une notoriété mondiale très rapide. Mais l’Autrichienne Elfriede Jelinek est une auteur qui s’inscrit depuis longtemps dans la tradition littéraire de son pays.
« Les pièces qui constituent ce spectacle de fin d’études, pour les jeunes comédiens sont de parfaits exemples de ce qui fait la spécificité de cet auteur, parfois très controversées dans son propre pays » explique Ivica Buljan, le metteur en scène croate chargé du projet.
« Elle est dans la droite ligne de la tradition du cabaret viennois, où l’on peut trouver à la fois des citations très « pointues » tirées de Nietszche, par exemple, ou des vers de Schubert… avec des messages de la langue populaire la plus vulgaire, parfois… » explique le metteur en scène. Par ses origines, on sent bien que ce goût du mélange des genres, de ce brassage des niveaux de langue est un plaisir qu’il partage avec l’illustre écrivaine autrichienne. « Vous n’avez pas ici cette facilité à  mêler érudition, élitisme, langage médiatique et critique à la limite du vulgaire : tout ça, le cabaret viennois le tolère parfaitement » dit Ivica Buljan dans un sourire…

Le jouïssif art de mélanger les genres

C’est donc ce goût pour le verbe multiple d’Elfriede Jelinek, dont l’œuvre est nourrie de citations de tragédies grecques autant que d’extraits de presse (qu’elle dévore littéralement, quotidiennement, journaux comme télévisions ou radios…) qui a incité le metteur en scène à proposer à ses étudiants de travailler sur cet auteur. « Son goût pour la provocation – Elfriede Jelinek entretient dans son propre pays de solides inimitiés…- est très représentatif aussi d’une tradition qui m’intéresse beaucoup » admet-il.
Les pièces qui sont représentées ces prochains jours au Théâtre du parc, à Andrézieux sont au nombre de quatre. « Drames de princesses » est un véritable réquisitoire, entre noirceur et humour, contre le constat que dresse la subversive Elfriede Jelinek. « Pour elle, les princesses, dans les contes de fées mais aussi dans la vie réelle, à l’exception de Jackie Kennedy, ne sont en fait pas de « vraies » héroïnes : elles le deviennent uniquement si un héros masculin intervient, pour finalement leur accorder ce statut » explique Ivica Buljan. « Selon elle, c’est l’imaginaire masculin qui fabrique les héroïnes : un constat insupportable pour l’auteur autrichienne… »
Dans le cas de Jackie Kennedy, justement, Elfriede Jelinek met en avant une femme qui s’est bâtie (battue) pour accéder à une célébrité tellement solide qu’aucun homme n’a pu ébrécher. «Elle est aujourd’hui plus connue que ses maris… A la différence de la Belle au Bois Dormant, qui doit attendre son prince, Jackie a « fait » les princes autour d’elle… »
Sur ce thème, quatre pièces, avec des traitements radicalement différents (de Pasolini au monde du réality-show…) sont au programme.

La guerre et la com’

Les comédiens ont aussi travaillé les pièces « Bambiland », qui met toute la troupe à contribution, et  « Les Adieux ». La première a été écrite au début de la guerre en Irak en 2003, et se présente comme un bloc de texte anarchique empruntant ouvertement aux Perses d’Eschyle et aux différents types de discours médiatiques, CNN et autres.
« Les adieux » sont une réaction à l’arrivée au pouvoir en mai 2000, du parti d’extrême droite autrichien d’Haider. Un drame national que l’écrivain a saisi pour bâtir un discours sans fard de différentes figures liées à la personnification du pouvoir. Plusieurs grandes figures de l’Europe d’aujourd’hui sont ainsi convoquées (et joliment malmenées…) Saurez-vous les reconnaître ?

Alain Le Tirilly

LEGENDES ET CREDITS PHOTOS (DR)
Ivica Buljan, metteur en scène du « chantier » de fin d’études des élèves de la Comédie.

Un « cabaret viennois » où les grandes citations côtoient la langue la plus quotidienne…

# Coulisses
De cour à jardin

mise en jeu : Ivica Buljan
création sonore :  Mitja Vrhovnik Smrekar
costumes :Ana Gecan Savic, Ouria Dahmani-Khouhli
avec les élèves de troisième année de l’Ecole de La Comédie de Saint-Etienne,
la promotion U, promotion sortante :  Ella Besnaïnou,  Benoit Brégeault,  Sylvain Delcourt, Marielle Guerber, Baptiste Guiton, Richard Pinto, Tiphaine Rabaud-Fournier, Philippe Tlokinski,  et Jeanne Vimal


# Pratique
du 12 au 14 juin
jeudi 12 juin à 20 h : « Bambiland »
vendredi 13 juin à 20 h : « Drames de Princesses » + « Les Adieux »
samedi 14 juin à 20 h    : « Drames de Princesses » + « Les Adieux »
Le spectacle sera également donné du 16 au 20 juin au Centre Dramatique de Montreuil, puis, le mardi 17 juin à 12 h 30 sera donnée une lecture de Bambiland au Théâtre du Rond-Point.


# Site
Théâtre du Parc
Andrézieux-Bouthéon


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