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interviewes, reportages... rencontres / culture à Saint-Etienne
7 octobre 2008

A l'école de la Comédie

A l'école de la Comédie de Saint-Etienne + contribution de Vincent Dedienne et Tommy Luminet

Les « Petites comédies » dans  la cour des grands

Chaque année, la Comédie de Saint-Etienne ouvre sa saison avec les « Petites comédies », animés par les éléves de l’école du CDN, à la fois sur les planches mais aussi dans une multitude d’établissements scolaires. Nous avons voulu voir comment se déroulent ces rencontres entre les apprentis comédiens et les jeunes…  Ils prennent ensuite eux-mêmes le stylo, pour raconter... de leur point de vue.

L_homme_mort_011La scène se passe… au lycée Saint-Michel de Saint-Etienne, l’un des multiples établissements du département qui reçoit les élèves de la Comédie pour des séances bien particulières.
Au départ, les « Cinq petites comédies » ont été mises en scène par Yves Bombay, responsable de l’école du CDN et par François Rancillac, co-directeur de la Comédie.
Les cinq auteurs francophones sollicités cette année sont : Marie-Line Laplante (Québec), Nicole Malinconi (Belgique), Alain Kamal Martial (Mayotte – DOM), Jean-Yves Picq (France), René Zahnd (Suisse).
Jouées ensemble, les cinq œuvres constituent un spectacle d’environ 1h45min, donné au theâtre René-Lesage.
Mais, elles existent aussi « au détail » : jouées par deux « apprentis-comédiens » de 3e année, elles sont présentées dans les salles de classe de la plupart des collèges et lycées de la métropole stéphanoise et des alentours. Au total près de 8.000 jeunes spectateurs bénéficient de la formule.
C’est à une représentation de « L’homme mort », de l’auteur belge Nicole Malinconi que nous avons pu assister, au fond de la salle, avec deux classes du lycée Saint-Michel
Un exercice loin d’être évident pour Vincent Dedienne et Tommy Luminet, qui jouent cette pièce. D’autant que, pour eux comme pour leurs collègues, qui interviennent eux aussi dans d’autres collèges et lycées, il ne s’agit pas simplement de « jouer » mais aussi d’animer une discussion « à chaud » avec les jeunes, immédiatement après.
Délà, il faut trouver le moment propice, le ton de voix approprié, pour « lancer » la pièce, et faire que, l’espace d’un quart d’heure, la salle de classe devienne… un espace théâtral. Le décor est volontairement sommaire : ici une simple table, couverte d’une toile noire, autour de laquelle sont disposées des chaises.

« Tout vivant »

Ni rideau ni éclairage ni costumes… On entre dans le vif du sujet. L’histoire avance, les comédiens circulent, mettent à profit les lieux, se frottent au public ; des lycéens auxquels cette heure, comme « suspendue » vient proposer du théâtre, tout simple, tout chaud, tout vivant.
Une fois la pièce terminée, c’est le « débat ». Une étape essentielle, dans le parcours pédagogique des jeunes comédiens. « C’est pour eux le moyen de tester leur contact avec le public, de se mettre à l’épreuve de la parole après le jeu » explique François Rancillac, qui admet que c’est là une difficile épreuve à laquelle il soumet les élèves de l’école de la Comédie.
Quelquefois, les questions s’échappent de ce que raconte la pièce et dérivent vers le métier de comédien (« combien on gagne… »). Plus souvent, les échanges s’engagent vraiment bien.
Ce jour-là, Vincent et Tommy ont eu de la chance : d’entrée, les questions ont porté sur la pièce, leurs personnages, leurs rôles. « C’est sans détour, et même si quelquefois ça peut être déstabilisant, c’est vraiment enrichissant pour nous », nous ont-ils expliqué à la fin de cette heure de jeu+débat.
Ils expliquent comment ils ont « vivent » leur rôle, ils interrogent aussi à l’occasion les jeunes sur leur perception de certains passages de la pièce… Plutôt à l’aise avec les jeunes, comme avec les enseignants qui les accompagnent, les deux comédiens manient volontiers l’humour… Une petite demi-heure de discussion ; la sonnerie retentit : on est au lycée… L’heure passe vite !
Le temps d’un rapide debriefing avec François Rancillac, qui sans assister à toutes les séances scolaires, apprécie de suivre de près le travail des élèves comédiens, et c’est reparti : la classe accueille un nouveau groupe d’élèves, pour une nouvelle représentation… Lors de chacune de ces journées, l’opération se renouvelle quatre fois. « Eprouvant mais formateur ! » admettent Vincent et Tommy…

Alain Le Tirilly

LEGENDES
Le temps d’une « petite comédie » : faire d’une classe un espace théâtral…

François Rancillac : « Un exercice difficile, c’est sûr.. »


# Coulisses
De cour à jardin
Les Cinq petites comédies mettent cette année à contribution les élèves de la promotion V de l’École de La Comédie de Saint-Etienne : Maïanne Barthès, Fanny Chiressi, Vincent Dedienne, Julie Delille, Florent Gouëlou, Léopoldine Hummel, Charlotte Ligneau, Tommy Luminet, Robert Parize et Baptiste Relat.

# Pratique
mardi 7, mercredi 8, jeudi 9, vendredi 10 et samedi 11 octobre à 20h

# Site
Comédie de Saint-Etienne
Théâtre René-Lesage

SUJET
MERCI…


"Merci de votre attention"

L_homme_mort_026Histoire de vraiment leur laisser la parole, nous avons proposé à Vincent Dedienne et Tommy Luminet de raconter eux-mêmes comment ils vivent « de l’intérieur », ces séances en milieu scolaire. Ils avaient carte blanche… Il ont joué le jeu, sur le papier cette fois…

Vincent : Bon, Tommy, on nous demande d'écrire un truc sur "ce que ça nous fait de jouer devant les lycéens"....

Tommy : Qu'est-ce qu'on ressent de jouer face à des lycéens dans un lycée ? Vaste comme une question. C'est une expérience enrichissante pour moi de jouer face à des jeunes qui ne sont pas forcément là comme un public acquis d'avance. Un jeune comédien qui s'adresse à des jeunes et qui joue pour des jeunes, c'est un beau défi, tu vois, d'essayer de leur faire aimer un art, un truc, qu'ils ont toujours imaginé comme quelque chose de pénible, de fastidieux.

Vincent : Moi je pense qu'il faudrait dire qu'on n'est pas ensemble dans la vie.

Tommy : Ouais !

Vincent : J'aimerais bien dire aussi que tu es plus vieux, que moi je ne suis pas si loin d'être un lycéen et que c'est une drôle de chose pour moi que de me retrouver face à eux, à jouer le rôle de l'adulte. Un rôle que, toi comme moi, on sait bien jouer mais qui nous oblige à nous prendre au sérieux. Alors que, toi comme moi, on aime bien le pas-sérieux.

Tommy : La drôlitude ! Moi je m'imagine dans le public lycéen, mais le Tommy adolescent, avec ses lunettes, sa coupe au bol et ses quinze kilos de plus, qui regarderait jouer deux jeunes comédiens. Qu'est-ce que je me dirais? 1° : Ils vont nous prendre la tête pendant une heure, 2°: Ca peut être intéressant ou 3° : C'est le choc, la révélation artistique d'un jeune enfulte.

Vincent : Il faudrait montrer une photo de toi à l'époque, gros et mal coiffé, et une photo de toi maintenant. "Avant-Après : Tommy Luminet, ce que le théâtre a fait de moi".

Tommy : Oui mais j'ai pas aimé le théâtre en regardant Muriel Robin, moi ! Mais Peter Brook !

Vincent : Tu es sympa, je t'apprécie. Tiens, explique comment on se débrouille toujours pour avoir l'air frais et de bonne humeur même quand on ne l'est pas…

« Amateurs de drôlitude »

Tommy : L'important est de ne pas être en pilote automatique. Jouer quatre fois par jour en enchaînant comme à l'usine peut nous tirer vers ça. Et ça nous ennuierait tous et ce serait pas le but.

Vincent : Oui mais des fois, la salle est pourrie et il est dix heures du mat'…

Tommy : Oui mais ce sont chaque fois des jeunes différents, qui n'ont jamais vu, jamais entendu ce que nous, nous disons depuis dix heures du mat'. Pour les questions aussi c'est la même chose : être le plus naturel et frais possible dans les réponses que tu as déjà faites, il y a une heure.

Vincent : En une semaine, il faut trouver 16 façons différentes de répondre à la même question. 8 façons chacun !

Tommy : Sans jamais être blasé, c'est ça qu'on a appris.

Vincent : Et puis on peut dire aussi que, des fois, on pourrait tous les inviter à aller prendre un verre, tellement on se sent bien...

Tommy : Explique-nous comment tu fais pour toujours avoir l'air sympa face aux trois pré-pubères ricanantes du fond…

Vincent : Non, raconte plutôt comment, une fois, tu as démoli en un mot un petit mec qui jouait pas le jeu.

Tommy : Et toi, si tu parlais de ta fougueuse verve, face à cette enseignante du Chambon-sur-Lignon qui corrigeait ses copies pendant qu'on jouait...

Vincent et Tommy : Et puis vous dire aussi comment, un jour, un p'tit mec en jogging, tout discret… nous a touchés, nous a appris, nous a fait rire et nous taire…


Vincent Dedienne et Tommy Luminet : « Un jeune comédien qui s'adresse à des jeunes et qui joue pour des jeunes, c'est un beau défi ».

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