Inauguration du FIL - 2
Olivier Colin : décloisonner et prendre des risques
Il lui aura fallu pas moins de trois soirées inaugurales pour dévoiler toute l’étendue des missions qui sont celles du Fil. Olivier Colin et l’équipe qu’il dirige désormais « dans ses murs » ont voulu que ce lancement à plusieurs étages donne l’aperçu le plus large possible de ce qu’ils veulent faire du Fil.
Synkrone : quelle est la principale mission que vous vous fixez pour « attaquer » ?
«
Nous avons une mission de service public, qui est notamment de
valoriser ce qui se fait ici. Pour le premier semestre, 70 % de la
programmation est au point, je veux parler de la grande salle ; pour le
Klub, nous nous laissons plus de souplesse, pour justement pouvoir
faire venir des formations de façon plus spontanée…»
Vous allez accueillir en résidence au minimum une vingtaine de groupes chaque année : comment va se passer la « sélection » ?
Notre
mission est tournée en priorité vers les groupes « émergents » de
Saint-Etienne et de la Loire. Ce qui ne nous interdit pas évidemment de
faire appel à des têtes d’affiches, nationales ou internationales.
Avec
les deux outils à notre disposition, la grande salle et le Klub, nous
allons pouvoir proposer à des formations stéphanoises aguerries
d’assurer des premières parties, à d’autres de se « faire la main » sur
la scène plus intimiste du Klub…
Nous avons déjà repéré les groupes
régionaux susceptibles de nous intéresser et surtout de profiter des
installations du Fil. Certains sont d’ailleurs sur scène dès ces trois
journées d’ouverture…
Votre objectif est l’« appropriation du lieu par les publics » : concrètement, ça va se passer comment ?
Nous
allons proposer en moyenne deux concerts par semaine, environ 80 levers
de rideau par an. Le principe va rester le même que pour ces trois
premières soirées : on va retrouver des artistes de notoriété
internationale comme des formations locales qui font un travail de
qualité : c’est notre devoir absolu de les mettre en selle en en scène
! Et questions style, on mélangera aussi musique du monde, rock,
hip-hop…
Question coopération, nous sommes en partenariat sur
plusieurs projets : soirée électro avec le collectif Stephanoize (le 9
février), soirée jazz avec Joël Harrison (le 10 février)…Les portes,
ici, sont ouvertes…
Jean-Louis Pichon, directeur de l’Opéra-Théâtre :
Un Fil, ça change aussi la ville
Le
directeur de l’Opéra-Théâtre, que nous avons rencontré dans les tous
derniers jours de 2007 est plutôt d’accord. « Il y a plutôt matière à
se réjouir de voir apparaître un nouveau site dont la vocation est
d’accueillir des spectacles et des artistes. C’est une réponse, enfin,
au manque criant de la ville en matière de lieux où les groupes peuvent
travailler, répéter, pour trouver leur public. Il n’y a pas de secret :
la création, quelle qu’elle soit, a besoin d’espaces adaptés pour
exister.
La seule petite interrogation qui me vient concerne le
fonctionnement de cette salle ; avec un si grand nombre d’intervenants
(les 22 associations), dont les envies et les intérêts peuvent ne pas
toujours concordés, il faudra voir sur la durée comment tout ça
s’organise… En tout cas, bienvenue au Fil ! »
Fabien Jallon : un chantier passionnant
L’architecte stéphanois est intervenu sur la réhabilitation de La Forge, au Chambon-Feugerolles, à L’Embarcadère, à Saint-Just-Saint-Rambert et au Mélies. Pour lui le Fil était un beau pari… Voilà qui est fait !
«
Les consignes de départ les plus délicates étaient d’un côté tout ce
qui concerne le phonique (isolation pour la qualité d’écoute dans les
salles mais aussi… pour le voisinage) et, comme souvent…. Les délais »
: à partir de là, l’architecte qui a « emporté » le marché du Fil a
fait des choix qui ont séduit les différents partenaires.
L’habillage
de barres d’inox, option véritablement innovante, dont la mise au point
a demandé pas mal d’aller-retour avec l’entreprise chargée de les
mettre au point (Blanchet). « Il n’y a pas d’exemple de finition de ce
style » explique l’architecte, dont l’envie de départ était de «
matérialiser le lien du site avec l’un des grands pans du passé
industriel de la ville ». De même le ruban rouge qui dessine le contour
de la verrière du Klub est un clin d’œil aux ambitions d’une la ville
qui lorgne vers le design, et comme un lien aussi en direction du
Zénith, le grand voisin qui, pour l’heure, peine à sortir de terre.
Pour
l’architecte, qui est intervenu avec son équipe sur plusieurs lieux à
vocations culturelles, le voisinage avec le volumineux Zénith est
plutôt une bonne chose. « C’est assez cohérent d’avoir sur un
territoire qui pourrait devenir un des points d’entrée dans la ville,
ces deux lieux complémentaires, qui seront toujours en activité…. »
Même si ce n’est pas pour tout de suite, Fabien Jallon voit bien le
quartier devenir un véritable « cœur de ville », une fois que les
aménagements (ambitieux) prévus auront été menés à bien. Les délais
sont ceux de la vie urbaine : à 10, 15 ou 20 ans : patience donc !
Les
délais ramassés imposés, les contraintes budgétaires et les limitess de
volumes pour le bâtiment ont conduit l’équipe à faire des choix
originaux, par exemple pour le dispositif d’isolation phonique (des
panneaux inclinés) et pour l’isolation thermique (une toiture
végétalisée, d’une vingtaine de centimètres de terre, capable d’assurer
un bonne régulation, été comme hiver…
Reste maintenant à « tester »
tout ça, côté coulisses, où l’espace ne manque pas, et côté salle.
L’architecte s’efface, place aux artistes….
Fabien Jallon : « un chantier où la bonne entente a fait sa part du travail ! »