Photo : la casse d'Alang / rencontre

Exposition « Casse de bateaux d’Alang » au Club de la presse de Saint-Etienne

Henriette Ponchon de Saint-André : l'oeil « hors du temps »

Donner à voir aux gens des choses qu’ils n’iront peut-être jamais voir eux-mêmes : voilà ce qui pousse Henriette Ponchon de Saint-André à arpenter le monde, à la recherche… du « beau ». Retour sur une belle rencontre. Ce texte provient du blog d’Alain Le Tirilly ©

Des photos, Henriette Ponchon de Saint-André en a rapporté de quasiment tous les continents. L’exposition qu’elle présente au Club de la presse de Saint-Etienne met l’accent sur l’un de ses séjours, en solitaire, au rythme de la vie des habitants. : l’Inde, celle des travailleurs de la casse de bâteaux d’Alang, dans la province du Gujarat.
Ces images, elle a décidé de les montrer, un peu en réaction à une émission télévisée, qui donnait de ce chantier immense, où accourent des hommes de régions lointaines, une image faussée. Elle a passé des semaines auprès de ces hommes « qui démontent, découpent, récupèrent, transportent, tirent, réduisent en pièces et morceaux ces énormes navires ».
Leica en main, elle les a saisis dans leur épuisant travail, elle a partagé avec eux le thé de la pause…
Elle parle de ses photos comme de « témoignages » : « je ne cherche pas à montrer ce qui est dégradant. Pour moi, ce n’est pas le travail qui est avilissant mais les conditions dans lesquelles ces gens se trouvent. Il faut se dire qu’ils n’ont pas le choix ; ils laissent souvent femmes et enfants pour de longues périodes… »
Discrète, présente aussi, elle a pu se rendre compte aussi de l’esprit de communauté qui règne parmi ces ouvriers. « Souvent, ils sont partis ensemble de leur village, plusieurs générations confondues… en famille. Sinon, on ne peut pas tenir » pense-t-elle.

« Défier le temps »

Une fois rentrée de ses voyages, qu’elle fait durer … « le plus longtemps possible ! », pour prendre de le temps de s’habituer à vivre dans les pays visités, Henriette Ponchon de Saint-André s’attelle à un rude enchaînement technique. Lors du développement, « la confrontation avec les souvenirs est souvent terrible : les images récoltées ne correspondent ni aux souvenirs ni à la réalité… »
Puis, après un temps qui peut être long, c’est l’étape « extraordinaire » du tirage, « où chaque image demande deux à trois jours de travail», puis de la sélection des clichés qui seront encadrés puis exposés. Vaillante octogénaire, elle parle de « plaisir du grain », de retouches minutieuses. On devine un œil aussi exigeant dans l’obscurité du labo qu’au soleil de la vie, lors de prises de vue. Pour la suite, la photographe assure elle-même toutes les étapes de l’encadrement. On n’est jamais si bien servi…

Alain Le Tirilly


# Pratique
Du jeudi 5 mars au 2 avril
Vernissage jeudi 5 à 19h
Entrée libre

# Site
Club de la presse
32, rue de la Résistance
Saint-Etienne

LEGENDE
« La photographie est question et réponse. C’est la concentration du regard ».