Kadia Faraux / interview

Une chorégraphie hip-hop inventive

Kadia Faraux explore « le silence des hommes »

Les relations entre les hommes et les femmes sont au cœur de la création de la compagnie Kadia Faraux. Elle s’appuie sur le hip-hop pour aller explorer la « puissance masculine», « la fragilité féminine » et du coup bousculer allègrement quelques clichés… A Lyon, où nous l’avons rencontrée, elle s’en est expliquée, sans détours (c’est pas son genre…)

Depuis près d’une dizaine d’années, Kadia Faraux peaufine un véritable  travail de chorégraphe, qu’elle a mis à l’épreuve du public, à Lyon, où elle vit et travaille, mais aussi à l’occasion de nombreux spectacles à travers la France.
Sa dernière création, qu’elle présentera avec ses danseurs à La Forge, « Le silence des hommes » est une forme de cri du cœur. Il s’agit d’une série de trois pièces, qui chacune à sa manière joue sur « les relations entre les hommes et les femmes ».
Parce c’est bien ça qui intéresse la chorégraphe, qui explique avoir choisi les danseurs qui interviennent dans ce spectacle pour leur sensibilité, leur compétence technique bien sûr, mais aussi leur capacité à « se mettre en risque » sur des sujets, évidemment, très personnels. « Quand je veux parler de séduction, de soumission, de fidélité, je ne leur demande pas de « jouer », mais de vivre vraiment leur rôle » explique Kadia Faraux.
Déterminée comme doit savoir l’être un chorégraphe soucieux d’aller au bout de sa création, elle dit préférer nettement la douceur, l’accompagnement plutôt que la déstabilisation : « les sujets que j’aborde, sont très intimes, je demande beaucoup aux danseurs. Il leur faut aller chercher dans leur propre vie, se montrer, dans tous les sens du terme…. Je leur demande de la vérité ! » Ce n’est pas en faisant du « rentre-dedans » que j’obtiendrais d’eux ce que je veux.

Halte aux clichés…

Pourtant il y a bien quelques sujets qui pourraient (facilement…) mettre Kadia Faraux en colère. Par exemple « l’assimilation du hip-hop à la cité », véhiculée à longueur de journée par la télé. « Le hip-hop n’appartient pas à une catégorie sociale ou culturelle ! » et dans son propre travail, elle s’ingénie à vouloir « bousculer » tout ça. De même « qu’il n’y a pas besoin d’être Espagnol pour danser du flamenco je ne demande pas à mes danseurs d’être de la banlieue pour travailler avec moi ! »
Adepte du mélange, elle se souvient d’avoir trouvé incongrue, pour ne pas dire plus…, la remarque d’une spectatrice, (On aurait bien aimé, quand même entendre ce qu’a bien pu lui répliquer Kadia) ; cette brave dame s’étonnait de voir dans le spectacle une danseuse norvégienne, blonde. Comme une forme de délit de faciès !!! « Et bien oui, on peut voir un spectacle de danse avec du hip-hop sans Arabes et sans Blacks » répond Kadia Faraux. Le spectacle de samedi va vous emmener bien au-delà de ces questions : allez-y, laissez-vous toucher !

Alain Le Tirilly

NOTE : De formation jazz, Kadia Faraux n'a cessé de défendre la place des femmes dans la danse hip-hop, (avec les compagnies Dance'N'Effeckt, qu’elle crée en 1989 et 10Coredence composées uniquement de danseuses). Elle a signé plusieurs créations, dont "Dream", "Horizon Métisse" et "Pour un regard" présentées à la grande Halle de la Villette à Paris et à la Maison de la Danse de Lyon. En 1998 et 2000, elle chorégraphie le défilé pour la ville de Villeurbanne lors de la Biennale de la Danse de Lyon. Elle intervient en milieu carcéral comme dans de nombreux sites de l’agglomération lyonnaise. Kadia Faraux crée en 2004 sa propre compagnie, dont le "Le silence des hommes" est la première création.

# Pratique
Samedi 8 mars à 20h30
16 euros, réduit : 14 euros

# Site
La Forge
92, rue de la République
Le Chambon-Feugerolles
04 77 50 57 30