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interviewes, reportages... rencontres / culture à Saint-Etienne
13 mai 2009

Bertrand Tavernier : interview

"Dans la brume électrique" et "Amis américains"

Un livre, un film…. et une inextinguible passion pour le cinéma : interview de Bertrand Tavernier

tavernier_tournageVous avez voulu « augmenter », votre livre « Amis américains » : comment s’est fait le choix des « nouveaux venus » ?
Bertrand Tavernier : Nous nous en sommes tenus à un seul critère : des cinéastes qui soient aussi des cinéphiles (comme moi !). Petit regret :concernant Martin Scorsese, que j’aurais voulu faire entrer dans le livre : nous n’avons pas eu assez de temps pour des entretiens suffisamment étoffés. Mais comme il a déjà écrit lui-même deux livres sur ce qu’il a fait, ce n’est pas si grave.


Vous ne vous passionnez pas seulement pour le cinéma américain. Quels sont les cinéastes qui vous intéressent aujourd’hui ?

Les Coréens sont très créatifs (« Memory of murder » de Bong Joon-ho, par exemple…) Je pense aussi à la Roumanie (où a été tourné « Capitaine Conan ») où depuis six –sept ans il y a une vraie floraison, jusqu’à une palme d’or à Cannes… Des talents qui n’avaient jusque là aucun moyen d’exister. En Israël il y a énormément de créations intéressantes, de même que du côté des cinéastes palestiniens. En France j’apprécie beaucoup Philippe Lioret (Welcome), Xavier Giannoli (qui est à Cannes avec « A l’origine »), Benoît Jacquot… N’oublions pas Ken Loach, Almodovar… J’ai de quoi faire un bel ouvrage sur les cinéastes européens, largement !


Quels souvenirs allez-vous garder du tournage de « Dans la brume électrique » ?
Avec le temps, et devant les résultats (ndlr : le film a notamment obtenu le Grand prix du festival du film policier de Beaune, en avril), les souvenirs sont plutôt heureux… J’ai eu la chance de travailler avec des acteurs exceptionnels qui se sont donnés à fond.

Vous avez longuement travaillé avec l’auteur James Lee Burke : c’est important pour vous de maîtriser les étapes du passage d’un livre à un film ?

Bien sûr, même si la question est plus de respecter l’esprit que la lettre. Nous n’avons pas gardé le même déroulement, nous avons actualisé le récit, qui à l’origine se passe dans les années 80 et que nous avons situé en 2007. Etre fidèle à l’œuvre n’est pas la recopier ! C’est l’interpréter, quitte à la bousculer un peu, en prenant au sérieux ce qu’a voulu dire l’auteur.


Vous avez gardé le contact avec lui…
Quasi quotidiennement oui… Comme j’ai le projet d’éditer un « journal de tournage », il m’arrive régulièrement de l’appeler pour des précisions sur ces lieux, des dates…

Vous avez dit que le personnage de Robicheaux (joué par Tommy Lee Jones) était une des plus belles créations littéraires dans le roman noir : qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
C’est un policier complexe, très humain. Sa vie est reliée à l’histoire des Etats-Unis et de la région où se déroule l’action. Dans son parcours personnel, on trouve des traces de la politique américaine, de la guerre du Vietnam jusqu’aux engagements auprès des dictatures d’Amérique latine…
A l’échelle plus locale, il se frotte à la corruption, aux problèmes raciaux, qui sont traités de façon absolument pas « politiquement correct ». C’est un homme qui a soif de justice, qui passe par des moments de colère, de culpabilité aussi. Et puis il a une foi catholique, assez rare chez un tel personnage…


De quoi êtes-vous le plus fier dans le travail que vous avez obtenu de Tommy Lee Jones ?

De la façon dont on l’a filmé, éclairé… En fait je suis satisfait d’avoir utilisé tout ce qu’il pouvait m’apporter. D’autant que le fait de travailler dans une autre langue m’a mis dans une position un peu instable… pas aussi confortable qu’avec les grands acteurs que j’ai côtoyés : Noiret, Schneider, Huppert, Torreton… Sur la Louisiane : vous apportez un regard de cinéaste français.

En quoi est-il différent de celui des cinéastes américains ?
Pour commencer, il faut dire que quasiment personne n’est allé filmer les endroits où j’ai tourné. Les cinéastes américains ont une grande méconnaissance de ces régions du Sud. Ils s’en tiennent souvent à quelques clichés… Prenons par exemple l’accent : les gens de ces régions trouvent insupportables qu’on les fasse parler dans les films avec un accent d’une contrée située à plusieurs centaines de kilomètres. Un peu comme si chez nous, on faisait un film dans le Sud-Ouest avec l’accent Ch’ti !
C’est un des très mauvais côté du cinéma américain, qui n’hésite pas non plus à faire jouer une Chinoise par une actrice japonaise…
Du côté de l’Institut Lumière (Bertrand Tavernier en est le directeur), sur quoi travaillez vous en ce moment ?
Il y a les travaux d’édition, et je tiens à ce qu’il y ait des livres variés. Nous travaillons sur un Hitchcock, sur un Henri Janson… sur des mémoires. Et nous préparons le Festival du Grand Lyon. (Du 13 au 18 octobre. La programmation sera connue mi-juin).

Propos recueillis par Alain Le Tirilly

# Pratique

Mardi 19 mai à 19h30

# Site
Le Méliès

10, Place Jean-Jaurès

04 77 32 32 01


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