Norma à l'Opéra de Saint-Etienne

Opéra-Théâtre de Saint-Etienne

Norma : nouveau regard 
sur l’amour et la guerre

La « Norma » que propose l’opéra stéphanois, dans la mise en scène résolument martiale assurée par son directeur Jean-Louis Pichon, se situe à bonne distance d’une vision traditionnelle de la période à laquelle se déroule l’action. Et le drame. C’est de l’opéra, mais c’est aujourd’hui !
Ce texte provient du blog d’Alain Le Tirilly ©
Jean-Louis Pichon est un grand enfant. Marqué comme pas mal d’entre nous, par les « Aventures d’Astérix le Gaulois ». Et en particulier par l’imagerie suggestive d’un dessin qui a su se répandre un peu partout à travers le monde.
Alors, forcément, lorsqu’il s’est collé à cette « Norma », que l’on va voir pour trois représentations, pour l‘ouverture de la saison lyrique de l’opéra de Saint-Etienne, il a « fait avec ». Histoire de prendre ses distances avec le riche imaginaire collectif que nous partageons sur la vie des Gaulois sous l’occupation romaine, Jean-Louis Pichon a résolument placé sa mise en scène dans le monde d’aujourd’hui. Sans oublier pour autant que la musique de Bellini porte bien la marque du début du XIXe.
L’action du livret de Felice Romani se situe dans un pays soumis, en guerre contre un occupant sans pitié. Le décor et les costumes imaginés par Alexandre Heyraud et Frédéric Pineau, rendent l’atmosphère d’un pays soumis, en guerre… dans notre monde à nous. Les accessoires convoqués pour cette mise en scène sont (entre autres…) des armes tout ce qu’il a de contemporain. Celles qui défilent à longueur de journaux télévisés. Des choix de mise en scène destinés à pousser le spectateur à « plonger tout de suite dans l’histoire » explique Jean-Louis Pichon.
Il lui fallait aussi trancher dans le vif, pour se mettre à bonne distance aussi du précédent quasi-mythique qu’est devenue au fil du temps l’interprétation du rôle de Norma par la Callas. Copier n’est pas jouer…surtout quand on s’attaque à « l’un des chefs-d’œuvre absolu du Bel canto » !

Tragédie cornélienne

Tout l’enjeu de ce spectacle est de montrer toute « l’actualité » et toute « l’universalité » du drame, explique Jean-Louis Pichon, qui a voulu « revenir au texte ». Pour le directeur de l’opéra stéphanois, il s’agit aussi de monter que « l’opéra n’est pas limité à des histoires classiques, poussièreuses… » A l’opéra, « on chante, mais surtout on vit et on communique la vie » martèle-t-il.
Effectivement, les parallèles sont nombreux à pouvoir être tracés entre les « cas de conscience » de Norma, prétresse gauloise, amoureuse en secret du proconsul romain Pollione, et des histoires bien contemporaines. Le triple « nœud » cornélien entre des amours impossibles ou contrariés (amour divin, amour maternel, amour tout court) l’histoire dépasse, évidemment, largement le cadre historique de la Gaule antique. C’est une drame qui mêle l’amour, la guerre, la trahison, la culpabilité…

Difficile casting

C’est finalement Clara Polito, remarquée à Martina Franca, qui sera Norma, pour la première fois de sa carrière, à Saint-Etienne. Le rôle titre est assez unanimement reconnu comme redoutable sur le plan technique et vocal (il exige un volume, une tessiture et un dynamisme que de rares personnalités peuvent assumer).
Initialement invitée à l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne, Mihaela Komoçar aura renoncé. En pleine période de répétition, l’artiste slovène s’est trouvée en proie au doute. Et en toute honnêteté, au grand dam de l’équipe et du metteur en scène qui avait fondé sur elle de beaux espoirs, elle a préféré se retirer. Un simple contretemps.
C’est Jean-Pierre Furlan qui sera Pollione. Habitué des grands rôles (il était un grand Samson l’autre saison, sur la scène stéphanoise) il dit « adorer » les partis-pris de la mise en scène radicale de cette Norma.
Nouveaux venus à l’Opéra-Théâtre, qui n’oublie pas que l’une de ses missions est d’aider les jeunes artistes : tous deux repérés lors de concours, en France comme à l’étranger, Karine Deshayes sera Adalgisa, et Avi Klemberg sera Flavius.

Alain Le Tirilly


LEGENDES ET CREDITS PHOTOS
Amour sublimé, dépassement de soi, pardon impensable : Norma, c’est tout ça à la fois.

Un décor et des costumes en franche rupture avec l’imagerie gauloise…

Jean-Louis Pichon : A l opéra, « on chante, mais surtout on vit et on communique la vie ».



Pratique
Vendredi 14 et mardi 18 novembre à 20h
Dimanche 16 novembre à 14h
De 52 euros à 20,80 euros


Bloc Site
Opéra-Théâtre
Jardin des Plantes
04 77 47 83 40


# Propos d’artiste
« Retrouver le relief de la partition »
Pour Laurent Campellone, qui assurera la direction de l’orchestre, le grand pari, face à une telle œuvre, est de « faire avec » la tradition qui a gravé dans les mémoires les interprétations majeures, telles que celle de la Callas. « Il y a une forme de fétichisme qu’il serait vain de chercher à éluder » explique le chef. « Dans le travail avec les solistes, nous avons cherché à retrouver le relief de la partition, à ne pas être dans l’habitude, et proposer une véritable fraîcheur».

# Coulisses
De cour à jardin
Norma : Clara Polito
Pollione : Jean-Pierre Furlan
Oroveso : Carlo Cigni
Clotilda : Patricia Schnell
Adalgisa : Karine Deshayes
Flavius : Avi Klemberg
Mise en scène : Jean-Louis Pichon
Direction : Laurent Campellone
Chef de chœurs : Laurent Touche
Décors : Alexandre Heyraud
Costumes : Frédéric Pineau
Lumières : Laurent Theuil

# Coulisses
A travers le monde
« Les pêcheurs de perles » et « Lakmé », dans les versions montées à l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne sont en ce moment en cours de reprise, respectivement à Santiago du Chili et au Caire.
Alexandre Heyraud et Frédéric Pineau, responsables des décors et des costumes sont partis chacun de leur côté représenter la maison « mère » stéphanoise auprès des équipes locales. Pour des raisons pratiques et financières, les décors sont reconstruits, à l’identique. Ce qui permettra aux spectacles créés ici de « vivre leur vie », pour des publics bien lointains.